jeudi 19 novembre 2015

paris un 13 novembre, mais vivre

Finalement ça ne passe pas... 

Media part édite la liste des victimes des attentats. Je la parcours. 
Je crains y trouver une connaissance, un nom familier. 

Rien de sordide. Mais un sentiment de familiarité direct. Immédiat. Finalement, je les reconnais tous. ce sont mes amis il y a 20 ou 30 ans (et oui j'ai vieilli), ce sont vous mes neveux et nièces, mes enfants que je n'ai pas moi-même, quoi que... . 

Vos parcours, vos passe temps me sont familiers. Sur chacun de vos noms, le visage d'un ami, d'un parent, d'un inconnu sympathique. 

J'adorais, (j'adorerais encore), traîner dans les bars, au comptoir, en terrasse. Faire des rencontres, avoir des discussions improbables, profiter de cet espace ultime de libertés, de possibles, que donne la nuit à ceux qui ne dorment pas, que donne la terrasse à ceux qui ne passent pas, que donnent la légèreté à ceux qui ne s'évadent plus. 

Juste des échanges. 
Juste des humanités qui se dévoilent. 
Parler, rire. Envoyer chier la terre entière sauf ses voisins de comptoir, sa mère,ses amis, les amis de ses amis... bref, envoyer chier personne, mais avec panache. 
J'ai gouté ce miel sans crainte, si ce n'est celle de me réveiller suffisamment claire le lendemain pour gagner ma vie et ce que je voulais en faire. 
J'ai eu ce cadeau de l'insouciance. Je voulais tant que vous goutiez ce miel mes amis plus jeunes, mes neveux et nièces, mes enfants que je n'ai pas moi-même, quoi que... 

Vous y goutiez, vous y regoutez déjà. 
Vous êtes épatants.

jeudi 6 février 2014

spleen… spin





Etre utile, être futile.

Un des états est noble, admis, porteur de valeur et de partage.
L'autre est éphémère, superficiel, égoïste et porteur … porteur de rien… faudrait pas trop en demander non plus.
Que faire quand on est juste désemparé? Quand on a le sentiment d'être immobile, en retrait. Spectateur averti, scrutateur acéré, mais cantonné à l'immobilité, au silence. Cantonné dans l'attente.
Ni futile, ni utile, mais en suspens.
Pas vraiment de doute sur soi-même, mais des doutes qui se teintent de certitudes dangereuses sur l'entourage qui est ou pas douteux, au sens peu recommandable à qui n'est pas armé pour s'y frotter.
Douter n'est souvent pas considéré comme un signe de maturité.
Pourtant.
Prendre le temps de douter quand tout est à l'immédiateté, à la certitude, à l'irréversibilité, prendre ce temps là est une tare à assumer, à justifier. Même si c'est un état en partie imposé, est entretenu par d'autres. On se retrouve seul à l'expliquer et trouver le moyen de le valoriser.

Douter n'est pas l'apanage des adolescents contrariés, des êtres aux contours flous, de ceux qui sont en manque de repères et qui ne peuvent se définir correctement qu'en référence aux autres.
Douter quand on est mis en retrait est une forme de réaction de sauvegarde, un instinct qui s'éveille.
C'est une nécessité salutaire, un salut, au sens premier.
S'interroger, se mettre en question est souvent vu comme une faille, un signe de faiblesse, comme un appel ultime pour avoir des signes de reconnaissance. On vous "stigmatise" (yoh man) comme étant en détresse, en stress, en souffrance.
C'est vrai, on apprend un peu sur soi quand on se remet en question.
Mais on apprend surtout beaucoup des autres: "qui" a tes réponses, "qui" a tes vraies bonnes questions, "qui" est l'exemple, "qui" est le contre exemple de ce que tu devrais faire, et un tas d'autres "qui", de ces gens de bonnes volontés bien solides sur leurs appuis, bien sûrs d'eux, bien confortables.

Mais que faire si ses doutes, son besoin de replacer sur la balance l'utile et le futile, ne sont pas liés à des interrogations nombrilo nombrilistes?
Dans ce cas, force est de constater qu'il vaut mieux ne pas s'épancher… la compréhension est plus que limitée alentours.
Est-ce un questionnement trop superficiel ou trop intellectuel?
Est-ce que je me prends le chou et papillote mes neurones pour les faire friser?
Suis-je dans le ventre mou (oui il a molli mais ce n'est pas le sujet…)?
Suis-je dans le ventre mou de la philosophie de bazar, de la psychanalyse cosmétologique?
Pourquoi quand on a juste besoin de temps, juste des plaies à lécher, pourquoi la question devient elle si vite "De qui finalement je me cache ou me protège"?
Porquoi le "sur quelle étagère" me guète goguenardement?

Faut-il forcément abandonner sa carapace pour avancer se demande la tortue?
Faut-il forcément abandonner ses carapaces pour avancer se demande la tordue mi tortue mi lièvre?
Une fable cache toujours un paradoxe, une évidence souvent un noeud gordien, soi-même révèle souvent l'autre.
Les sourires sont les paravents ultimes, les dernières courtoisies, la marque de l'extrême politesse.

So, I smile !



  




lundi 20 janvier 2014

Avortement - quelques réflexions

Débats ré-ouverts en Espagne sur le "droit" à l'avortement, des manifs qui pointent en France...
"Droit" à l'avortement. Droit entre guillemets car le raccourci est trompeur. Il ne s'agit pas d'avoir ou pas le droit d'avorter, mais d'avoir celui de le faire non clandestinement et sans être charcutées, oubliées, déniées.
Il n'est pas question de droit à, quand on est face à une obligation, une contrainte.
Le vocabulaire est trompeur et laisse une place indécente aux interprétations: "interruption "volontaire", "passeurs", faiseurs "d'anges", etc etc…  L'opprobre publique a sa place, sans gêne, quand on oublie les hémorragies, les cicatrices, les stérilités créées, les dégoûts de soi. 
   
Après un échange sur le sujet avec un correspondant masculin (est-ce vraiment la question du sexe ou de l'opinion qui compte?), je reste interdite …
on vous parle de l'enfant en oubliant l'embryon et le foetus… tout de suite l'enfant, le poupon, le gam
in gambadant … l'effet cute kitten… culpabilise salope.
On vous confronte à des statistiques, globales et massifiantes, désincarnées, sans histoires (mais regardez les stats de l'ined détaillées et derrière les 220000 vous verrez des 2 + 14 + .. des ombres des histoires de chacune, de chaque couple, de chaque renoncement). 
Rien sur les renoncements, les doutes, le désarroi solitaire, la peur de se tromper, l'indécence imposée d'avoir irrévocablement à décider, rapidement, car les délais sont fixes, légaux, irrémédiablement strictes. Rien sur le fait que l'on a à le faire seule même si on est accompagnée, soutenue, aidée. 
Seules aux osculations, seules face aux questions aux absences de réponses, aux silences ou aux accusations à peine masquées. Seules aux opérations, aux réveils, pendant les nuis avant, les nuits après, les journées à croiser des vies qui elles se poursuivent. Seules, les femmes le sont, forcément. Aussi proches soient leurs compagnons, seules elles sont à sentir leur ventre, leur utérus, leurs seins qui se tendent, leurs hormones qui brouillent leurs ressentis, leurs contours, leur moral.
Est-il si difficile de comprendre ce que des femmes, ou jeunes femmes, ou très jeunes femmes ont à affronter de face, à confronter ou à tenter d'éviter? la compassion a-t-elle encore sa place quand le sentiment de spoliation prend corps dans les esprits mâles et/ou chrétiens?
Peut-on souhaiter à ces femmes d'avoir à se justifier, à se cacher, à se meurtrir entre des mains inexpérimentées, à ne pas réfléchir à leur avenir et aux autres possibles? peut-on leur dénier, par principe, toute réflexion?
Avorter n'est jamais un acte anodin, jamais banal. Il est de ces actes qui sont des renoncements profonds, des dénis de nos rêves, de nos projections "il était une fois.. donner sans retenue… s'accomplir.. etc etc etc". Combien de vrais désirs, même enfouis, même enfuis, combien de désirs non encore avoués doit-on abandonner quand on ne fait même que se poser la question de mener à terme une grossesse?
Et oui, bien sur, il y a un potentiel être qui est en question. Non seulement un être comme le rappelle les banderolles foetales et très imagées des pro-life. Non seulement potentiellement un futur enfant, mais aussi un avenir, mais aussi un futur à plusieurs, mais aussi des vies conjuguées de parents et d'enfant, de grand parents, de famille et de goûters d'enfants.
Renoncer à des futurs c'est la question de fond de la décision d'avorter. C'est sur ce renoncement que doivent se construire des vies de femmes, des vies de couples, des familles existantes ou à venir. C'est une question sociétale, philosophique et spirituelle.

Mais renoncer à donner aux femmes le droit de le faire dans des conditions décentes, humaines et respectueuses de leur intégrité, c'est une question inutile. 
Légaliser l'avortement c'est avant tout permettre des actes médicalisés, non clandestins, suivis, avec une information et une communication claire et ouverte.
Questionnez vos mères, questionnez l'histoire, et ensuite prenez le temps de vous poser. Réfléchir en conscience et sur la cause de la décision, et ensuite sur son exécution, et surtout sur la compassion pour ceux et celles qui ont eu à décider et qui vont vivre avec, gardant cette griffe profonde à sa juste place, sans renoncer à tout, ni au respect, ni aux autres futurs.

Renoncer à un futur n'est pas renier la vie, ni lui manquer du respect qui la rend féconde et riche.
Renoncer à un futur oblige à en forcer d'autres, à affronter notre position précaire et inconfortable d'humain raisonnant et sociaux, à affronter nos images contraires.
C'est un respect et une tolérance de reconnaître le droit à exécuter ce renoncement sans autres hontes que celles que l'on ne se doit qu'à soi même.

lundi 9 décembre 2013

noel bientôt


Mais au fait… comment commencer un conte, voir même un conte de Noël?
C'est de saison, soit, et même si personne n'en n'a plus rien à fiche des saisons, cela pourrait être vu comme un manque impardonnable de goût de louper l'introduction du conte de Noël, le fameux "il était une fois, etc etc etc".
Louper ce lancement cela revient à servir un bordeaux trop frais, à ne pas laisser une viande s'attendrir, à forcer la main pour une déclaration, à rester trop longtemps après que la fête soit finie,.
Bref…  louper le lancement d'un conte, c'est peut-être une histoire de nuance, mais loupé, ça clash direct.

Plusieurs options restent pourtant offertes:


"Voici une histoire improbable qui aurait dû être triste mais est un véritable bonheur" … facile, dégoulinant et sucré.
"Voici l'histoire improbable qui n'aurait jamais dû arriver mais se produit néanmoins" … immensément romanesque, mais plan plan, moins de sucre mais pas de sel.
"Voici l'histoire improbable qui aurait pu être facile et gaie, mais qui a failli ne jamais avoir lieu, mais  qui néanmoins arrive, banale, ni trop gaie, ni extra-ordinaire, mais juste gaie et extra-ordinaire, comme dans la vraie vie " … trop réaliste, vraiment banale, pas de quoi faire fondre un flocon, ça manque de … ça manque de conte …

Mais, c'est quoi au fait le conte de Noël?
Once upon a time…
Causer en english, ça fait son petit effet, mais cela n'éclaire pas plus…
Noël, Noël…
L'étoile du berger, la dinde aux marrons, la bûche et ses nains, les paquets en vrac de toutes les couleurs, pas assorties mais pourtant raccord.
Noël, le fantasme du miracle étincelant, ce fichu magic stick qui transforme et transfigure tout: le crapaud devient sexy man, la gourdasse se transforme en bombasse, l'inutile si évidemment inutile  redevient indispensable, l'ado tout en maladresse et égocentrisme prend des teintes emphatiques et attentionnées… Mouais, mouais, maouis….
Noël et son miracle … C'est pas ça. Mais patience.
Ce n'est pas encore Noël… juste ses prémices… des avant goûts… des mises en bouches.
Moi, je n'aimais pas vraiment les Noëls Supercalifragilisticexpialidocious… quoique … est ce que je me l'avouerais à moi même?

Okay… bas les paravents, les faux semblants, les faux tout etc. J'avoue.
J'aime les Noël avec des sapins plein de guirlandes, des branches qui ploient sous les boules, des déco kitsch qui n'épargnent aucune porte d'entrée, aucune poignée, aucun pan de mur. J'aime les couronnes sur la porte, j'aime les noël qui ne rechignent sur aucun plats gras, aucune pâtes d'amande, aucun des desserts brillants de sucre, marbrés et croquants.
J'aime les Noël too much, trop caloriques, trop baveux de bises et d'accolades chaleureuses, trop téléphonés, trop de tout et surtout trop de de ce que l'on s'acharne à éviter.
J'aime les Noël avec une cheminée, avec des traces de pas faites dans la neige synthétique que l'on a consciencieusement réalisées entre adultes, un peu après minuit, après un peu trop de champagne, J'aime ce trop plein de souvenirs fabriqués, ce goût de déjà vu entretenu juste pour laisser la surprise aux enfants. J'aime les Noël avec des biscuits entamés par le père noël et ses lutins, des carottes grignotées par les rennes, des cadeaux laissés en désordre au pied du sapin, des verres de lait au miel laissés pour le vieil homme.
J'aime cette magie attendue, sans surprise, si ce n'est celle, toujours improbable, de perdurer.
J'aime que mes neveux et nièces jouent le jeu. J'aime qu'ils décident de ne pas nous entendre sortir les cadeaux à minuit. J'aime qu'ils viennent nous réveiller le 25 au matin pour que nous les voyions ouvrir et déballer des cadeaux qu'ils connaissent déjà mais qu'ils s'ingénient à découvrir.
C'est un jeu. Une magie entretenue pour rien… même pas les pour les plus jeunes… peut-être plus pour les plus âgés. Juste pour la magie du moment.
J'aime ces Noël, pleins d'attendus et de bienveillance, pleins de gentillesse, avec cette petite pointe de compassion maladroite pour ceux qui y croient presque encore… …
Mais que jamais on ne dise à tous les lutins pré-pubères, à tous les gnômes chiffonnés dans leurs pyjamas, à tous des frénétiques dérouleurs de bolducs… que jamais on ne leur dise trop tôt que croire à ce qui est fragile est une force, qu'ils attendent pour se rendre compte qu'ils sont partie prenante de la magie.
Je suis profondément atteinte … irrémédiablement contaminée par le syndrome de la neige artificielle, des chaussettes en laine pendues, de l'odeur des bûches calcinées, des châtaignes  et des laits de poule.
Mais…
Je ne suis pas pour autant désespérée à l'idée de passer Noël au soleil, marquant des traces de pas dans le sable fin, regardant les tongues pendues sous les palmiers, envahie de l'odeur des ambres solaires et autre Monoye.
Je me remettrai certainement sans mal de ce Noël dans une île sous le soleil, en tête à tête, juste au coeur de l'essentiel.






dimanche 2 octobre 2011

un angle un peu différent







Des congés en décalé, des sursauts d'été recalés en automne, forcément ça destabilise et je ne m'en sors pas indemne...

Alors, moitié pour le plaisir des mots, moitié pour démêler ces réflexions diffuses qui affleurent à l'occasion des vacances comme le font les cailloux d'un champs en jachère, je reprends le clavier pour quelques formules.

Le prochain "vrai" message est en préparation, mais je dois encore laisser un peu le sable filer entre mes orteils, mes pattes d'oie se creuser de sel au soleil et mes pas se plomber par trop de balades ...

Donc, en attendant, quelques cailloux sortis de mes méninges désoeuvrés, des phrases qui se la philosophent à deux balles aux détours des dunes.



"Ce n'est pas l'excès de travail qui épuise mais le manque de repos. Ce n'est pas la vieillesse qui est rude mais le manque de vie devant soi."

"Le manque d'intelligence et d'écoute des débats est plus affligeant que la vacuité des échanges."

"Que les journalistes continuent à se prendre pour des procureurs, les animateurs pour des journalistes, les invités de talk-show pour des leaders d'opinion, les publicitaires vieillissants rôtis d'UV pour des sociologues, les Hommes politiques pour des serviteurs fussent-ils de la république, que ce jeu continue, s'amplifie et s'emballe comme des chaises musicales effrénées, et qu'enfin ils se retrouvent le cul par terre, là où leurs pieds n'ont plus d'empreintes depuis longtemps".

"La peur avouée de vieillir est souvent narcissique: peur de souffrir, de se flétrir, d'être dépendant. Ma peur inavouée est de savoir devoir se séparer irréparablement des autres, juste un peu plus âgés ou juste comme moi, avant même que de n'avoir à le faire de ma propre jeunesse".

"Michel Jonasz: le visage de mon père, mais vivant et avec une moustache... saisissant de ressemblance. C'est une chance de ne pas pouvoir oublier son image. Une chance parfois un peu violente."

"Faire plaisir est une façon élégante et utile de s'oublier enfin - y trouver de l'émotion permet de se retrouver".

"Il faut que j'écrive un bouquin sur l'art de ne pas être grand-mère".

"Plus ridicule qu'un quinquagénaire avec un égo démesuré, un quinquagénaire avec un égo démesuré de trentenaire".

"Vivre au jour le jour, c'est ne pas être mort de nuit en nuit... j'aime autant l'inverse".

Pas de moi, mais j'adore "le verre n'est ni à moitié vide, ni à moitié plein, mais juste parfois deux fois trop grand"... et ça vaut aussi pour les lit de coin, même d'1m 20 ...


Et voila le genre de réflexions auxquelles conduisent quelques jours de vacances après trop de tout et pas assez d'essentiels - flippant, n'est-il pas?

Sur ce, je vais réviser mes grasses mat, siestes et assoupissements divers, mes discussions banales ou passionnées, mes silences, mes balades littorales et autres respirations enfin à plein poumon (il était temps) et enfin iodées. Je vais également aussi chercher un entonnoir à ma taille, au cas où ces quelques lignes deviennent mon régime nominal.


Certainement à bientôt, quelque soit mon nouveau couvre-chef, pour une balade charentaise apaisée et tranquille, au rythme des cagouilles.

dimanche 21 août 2011

Faena sans arene

Décidément, ce sont les soirs de chaleur qui me poussent à écrire. Ceux qui sont en solo. Surtout les dimanches.
Les dimanches ont ce calme suspect qui précède le plongeon dans l'effervescence entretenue du travail et la sociabilisation à peine forcée qui va de pair.
Pas un souffle d'air.
Tout s'expend.
Les jambes enflent, les pores se dilatent, les cernes touchent des abysses et les idées se répandent plus ou moins heureusement.

Il faut bien trouver une vertu à cette torpeur moite, aux orages qui ne crèvent pas et à une certaine solitude, un éloignement de quelques jours.
Après l'effervescence d'un week-end splendide à Béziers pour la féria, de partages, à côtoyer l'exception, ce week-end-ci est d'un contraste cinglant.
Tout d'abord avoir loupé une fenêtre, une entrée dans un autre monde. Et ce, pour la raison la plus trivialement stérile: la raison professionnelle.
Une virée manquée à Belle Ile, des rencontres shuntées avec ses amis, des affinités qui auraient pu d'épanouir encore plus.
Mais à quoi servent les regrets quand on s'est soi même soumis, même si c'est à des contraintes "acceptées".
Pas de regrets, non, mais un fonds collant et vaseux de culpabilité.
Alors même que je ne voulais plus avoir à mettre sous conditions mes curiosités, ce qui fait l'engrais des jardins privés.
La fatigue dans ces moments-là laisse la place à une lassitude enveloppante, une mélancolie fourbue.
Encore quelques semaines, moins d’un mois, à ce régime forcé. Plus que quelques semaines à laisser le terrain à ce qui n’est pas vraiment l’essentiel, ce qui n’est pas le sel de la vie.
Comme dans les corridas, c’est une guerre de terrains dans laquelle il s’agit de ne céder que ce qui est nécessaire et de toujours maîtriser le leurre, une protection aussi fragile fut-elle mais essentielle.
La conviction plus que l’intelligence ou le pouvoir permet ces petits miracles.
Jouer avec ses limites. Jeu familier, presque addictif, mais jeu risqué, parfois grisant, souvent inutile.
Ensuite, bientôt, il faudra que je me repose, que nous nous re-posions, que nous nous pausions.
Un an bientôt à toucher du doigt l’improbable , à déchirer le voile qui recouvrait les envies, à conjuguer au présent pluriel, à étendre l’horizon.
Alors, un dimanche à mouronner, dans la moiteur d’une ville sans vitalité, sans rire ni parole, c’est à peine une ponctuation, une virgule dans un texte dense, une anecdote.
Pourquoi en faire un cas ?
Juste pour forcer cet état à cesser peut-être ?

lundi 27 juin 2011

imper et passe


Milieu de la nuit. Il fait chaud.
Depuis plusieurs heures l'esprit s'entrechoque, sans étincelle. Juste des gnons, des engourdissements stériles.
La fatigue depuis plusieurs mois maintenant est une invitée clandestine. Installée.
Il est plus que tard. Déjà lundi. La nuit laisse, comme toujours, planer l'illusion qu'hier s'étire encore.
Je suis presque vaincue mais les mots volent encore dans ma tête comme des mouches dans un bocal. Ils ont pollué ma journée.
Une suite de mots. Rien à en attendre. A peine chercher en eux si ce n'est un début d'idée, une base de musique. Les mots ronflants ou sobres sont les compagnons noctambules et anachroniques des heures d'entre deux jours.
Entre deux moiteurs, voici les mots qui s'organisent autour de considérations assez vaseuses autour des âges qui nous rythment.
Il y a des âges pour l'insouciance, pour les fascinations. Il y a des âges qui construisent des repères, des références. Comme ça, sans calcul.
Il y a des âges où ces repères se perdent, où les fascinations laissent place aux séductions très étudiées, narcissiques. Comme ça, par mauvais calcul. Des âges pour se rassurer. Des âges où la spontanéité s'est effacée.
Ensuite, il y a des âges pour les retenues, pour les soustractions. Apprendre à perdre.
Les héros de l'enfance meurent. Les êtres uniques jusqu'alors par leur présence, le deviennent terriblement plus en partant. Le vide prend sa place. Les séductions suintent le fond de teint. Les rires sonnent un peu plus faux.
Un âge où les émois des jours tendres laissent encore la trace d'une saveur connue. Un âge où cette saveur file sur les lèvres comme une morsure.
Un âge en équilibre qui penche vers les souvenirs. Un âge pour se pencher et tomber en espérant des bras. Comme le chante Pete Doherty ... Once upon a time...
Mais il suffit d'un rien face aux abysses pour s'éviter les vertiges, encore faut-il y faire face.
Il reste que le coeur de la nuit est un terreau bien sombre.
Aujourd'hui le temps a tourné de la pluie au soleil, puis à la moiteur orageuse des excès. Les germes des idées maussades s'épanouissent comme des lierres. Envahissants.
Un jour pousse l'autre. Un souvenir s'accroche à un autre comme un devenir à une envie.
C'est stupide comme des évènements étrangers à sa vie propre y trouvent des résonances assourdissantes.
La mort de Peter Falk m'a émue plus que je ne l'aurais pensé.

Une intelligence de moins, un non conformiste de moins, un talent de moins, un visage familier de moins, et juste un vide maintenant. Un de plus.